
Surcharge de travail, défaillances d’organisation, manque de reconnaissance… Les professionnels de santé ont des conditions de travail tellement difficiles qu’ils sont davantage exposés au risque d’épuisement professionnel.
Qu’est-ce qui provoque un burn-out ? Comment déceler ses symptômes ?
Quelles solutions permettent de prévenir ce stress ? Nos réponses.
Comprendre le burn-out chez les soignants
Dans la filière de la santé, le burn-out n’est pas un sujet inconnu. Cet état d’épuisement physique, émotionnel et mental, qui est lié à la dégradation du rapport qu’un salarié entretient avec son travail, touche un nombre croissant de soignants.
Une étude publiée par le collectif « Santé en danger » en octobre 2022 indique que :
- 77,9 % des soignants ont déjà connu un burn-out,
- 71,3 % envisageraient de changer de métier du fait de ce mal-être.
Les raisons de cet épuisement professionnel sont multiples. Mais globalement, les facteurs les plus cités par les professionnels de santé qui souffrent de burn-out sont :
- Le manque de reconnaissance,
- La pression sur les effectifs,
- La cadence trop importante de travail,
- La surcharge administrative,
- Le manque de temps de récupération,
- Le management malveillant,
- La perte de sens.
Dans les établissements de santé, tous les métiers du soin semblent touchés : les aides-soignants, les infirmiers, les médecins… Aucune profession de santé n’est donc épargnée par le burn-out.
Burn-out : comment reconnaître les signes avant-coureurs ?
Le syndrome d’épuisement professionnel se manifeste via plusieurs symptômes, que les soignants peuvent apprendre à reconnaître. L’enjeu est qu’ils réussissent à les déceler chez leurs collègues de travail, voire sur eux-mêmes. Ces signes avant-coureurs du burn-out peuvent être :
- Physiques : fatigue chronique, troubles du sommeil, maux de tête, vertiges, troubles musculo-squelettiques, stress…
- Émotionnels : perte de motivation, irritabilité, anxiété, hypersensibilité…
- Comportementaux : absentéisme, repli sur soi, désengagement envers son équipe, diminution de l’empathie, troubles de la concentration…
Quelles bonnes pratiques émergent en milieu hospitalier ?
À l’hôpital, où la santé des soignants est une priorité absolue, plusieurs initiatives sont lancées pour préserver la qualité de vie au travail et prévenir le syndrome d’épuisement professionnel. Et pour cause : la dépression des soignants a non seulement un impact sur leur qualité de vie, mais aussi sur la qualité des soins qu’ils procurent. Les hôpitaux tentent d’agir contre cet épuisement professionnel, en mettant en place :
- Des cellules de soutien psychologiques. Elles prennent la forme de cellules d’écoute, de groupes de paroles … au cours desquels les soignants font part des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien et mettent des mots sur les émotions négatives qu’ils ressentent.
- Des dispositifs de mentorat, qui permettent aux soignants d’avoir une oreille attentive de la part d’autres soignants, sans qu’ils y aient de lien de subordination entre eux. C’est d’autant plus pertinent lorsqu’ils vivent des situations anxieuses, qu’ils se sentent envahis par le stress.
- Des aménagements dans l’organisation du travail, notamment des horaires. L’objectif est de fuir les conditions propices au burn-out (surcharge de travail, horaires à rallonge…) pour que les soignants cultivent une bonne qualité de vie au travail.
- La sensibilisation des équipes – y compris des managers – aux symptômes du burn-out. L’enjeu est que les soignants apprennent à les reconnaître pour ne pas les laisser s’installer. Via ces ateliers, ils peuvent aussi prendre de la distance face aux situations de stress.
En France, le CHU de Toulouse fait par exemple figure de bon élève en matière de prévention du burn-out des professionnels de santé. Fin 2023, l’établissement a créé un Centre de prévention de l’épuisement professionnel des soignants (appelé « Peps »). Il permet aux soignants fragilisés d’être pris en charge par une équipe pluridisciplinaire.
Celle-ci est composée de médecins spécialistes des pathologies professionnelles, de psychologues, d’addictologues, de psychiatres…
La polyclinique Saint-Laurent de Rennes a, elle aussi, lancé une initiative intéressante. L’hôpital privé a ouvert des lits d’hospitalisation pour prendre en charge les soignants en burn-out. Ces derniers suivent un programme d’accompagnement de trois semaines, articulé autour d’ateliers thérapeutiques.
La prévention du burn-out se joue aussi à l’échelle individuelle
Cultiver une bonne hygiène de vie permet aux soignants d’éviter d’être confronté aux symptômes d’épuisement professionnel. Mais malheureusement, ce n’est pas suffisant. À titre individuel, les professionnels de santé peuvent également apprendre à gérer leur stress pour favoriser leur épanouissement professionnel.
La pratique d’un sport ou d’un loisir répond, par exemple, à cet objectif. L’activité physique diminue non seulement le stress et l’anxiété mais elle améliore également l’estime de soi. Le sport est donc un atout pour préserver sa santé mentale et éviter le burn-out.
Connaître quelques techniques de relaxation et de méditation permet également de faire redescendre la pression lorsque les conditions de travail des soignants se dégradent.
Là aussi, c’est une bonne stratégie pour préserver son état émotionnel et éviter le syndrome d’épuisement professionnel. Les collègues de travail peuvent même organiser des séances de relaxation entre soignants pour se rapprocher les uns des autres. Cela favorise l’entraide et le soutien mutuel, qui sont clés dans l’amélioration de la qualité de vie au travail.

Burn-out : le rôle prépondérant des établissements de santé
En matière de prévention du burn-out chez leurs soignants, les établissements de santé sont attendus au tournant. Ces derniers peuvent agir sur plusieurs leviers :
- Former ses cadres de santé au management bienveillant. Cette forme de management consiste à placer son équipe au centre de ses préoccupations, à accompagner son évolution, à l’écouter, à répondre à ses attentes, à lui montrer de la reconnaissance, à être résilient… le tout avec respect, écoute et positivité.
- Améliorer les conditions de travail des soignants. Cela passe notamment par l’augmentation des effectifs de soignants, le respect des heures de travail hebdomadaires, mais aussi la réduction de la charge administrative, par exemple via l’implémentation de solutions digitales.
- Mettre en place un plan de prévention du burn-out. Rien de tel qu’un programme spécifique pour mettre en œuvre des actions dédiées à la prévention de l’épuisement professionnel et suivre les actions pour mesurer l’efficacité sur la santé mentale des soignants.
En conclusion, la préservation du burn-out des professionnels de santé ne doit pas passer sous les radars des établissements de soin. Pour maintenir une bonne qualité de soin au sein de leurs unités, les employeurs doivent multiplier les initiatives en faveur de la santé mentale des soignants et faire de ce sujet une véritable priorité.
Puisque l’enjeu n’est pas uniquement collectif, les professionnels de santé doivent, quant à eux, cultiver une bonne hygiène de vie et se montrer réactifs lorsque les premiers symptômes de burn-out apparaissent. Cela suppose toutefois de savoir les identifier à temps mais aussi d’oser demander de l’aide lorsque l’épuisement professionnel s’installe.