La mobilité interne des professionnels de santé constitue un enjeu de plus en plus important pour les établissements, car il s'agit d'un projet souvent recherché et qui peut permettre d'attirer du personnel soignant lorsqu'il est bien encadré.
La mobilité horizontale est, selon l’ANAP, une mobilité transverse qui ne se caractérise pas par un « changement important du contenu du travail ». Elle s’oppose ainsi à une mobilité dite verticale. La mobilité horizontale nécessite une forte capacité d’adaptation de la part des professionnels, ~~ainsi qu'~~une actualisation régulière des connaissances et une certaine polyvalence (à laquelle on préférera le terme de « polycompétence »). Cette dernière peut aussi bien s’exprimer lors du changement pérenne d’affectation d’un agent que lors de remplacements ponctuels.
La mobilité horizontale des professionnels en milieu hospitalier constitue un enjeu collaboratif entre la direction générale de l'établissement, les cadres, ainsi que les personnels. Sa réussite est largement conditionnée par le bon fonctionnement de cette collaboration au sein de l'organisation.
C'est la Direction Générale de l'établissement de santé, la Direction des Ressources Humaines, et la Direction des Soins qui doivent porter la politique de la mobilité, pour inscrire le projet de mobilité au coeur du projet d'établissement. Elles doivent donc veiller à identifier les intérêts et les freins potentiels à son déploiement, et à clarifier les règles qui la régissent afin de s’assurer de son équité et de sa transparence.
C'est le mode d'action qu'a choisi le Centre Hospitalier de Dieppe, comme le précise sa Coordinatrice Générale des Soins, Valérie Bliez :
Il y a au sein de l’établissement une réflexion partagée associant la Direction des Soins, la Direction des Ressources Humaines et la Direction Générale pour inciter à la mobilité sans déstabiliser la continuité des compétences et des expertises sur certains secteurs.
Certains directeurs des ressources humaines ou directeurs des soins remarquent que les cadres de santé peuvent exprimer une certaine réticence à l’idée de travailler avec des professionnels qui n'oeuvrent pas au sein de leur pôle d'affectation. Pourtant, les cadres de santé constituent des acteurs clés lors du déploiement de cette politique de gestion des ressources humaines et de développement des compétences. Leur implication peut en effet permettre de lever de nombreux freins à la mobilité, notamment concernant les remplacements de courte durée.
Pour Elisabeth Rainville, Cadre supérieure de santé et responsable du recrutement paramédical au Centre Hospitalier d’Aurillac :
La manière dont les cadres communiquent sur le projet constitue un véritable levier pour susciter l’adhésion des professionnels de santé.
Il peut donc être utile de prévoir de communiquer auprès des cadres sur les intérêts de favoriser la mobilité, et de dialoguer avec eux pour clarifier les modalités de déploiement d'une telle politique, ainsi que leur rôle.
Au Centre Hospitalier d'Arcachon, la Direction des Ressources Humaines a décidé de mettre en place une politique de mobilité, en réponse aux demandes croissantes des professionnels. Validée le 1er janvier 2021, elle a été réalisée par un groupe de travail constitué de profils-métiers hétérogènes afin de garantir son impartialité. Elle impose désormais aux cadres d'aborder systématiquement les souhaits de mobilité des professionnels lors de leur entretien annuel, afin de permettre à l'établissement d'anticiper les futurs mouvements, mais également accompagner ses agents dans leur projet (formation, stage de découverte, préparation à l’oral...) et les aider à postuler lorsque des postes deviennent vacants.
Les professionnels de santé doivent d'abord être informés des accompagnements proposés par l'établissement, afin de pouvoir chercher à en profiter. C'est la raison pour laquelle la communication doit être le plus claire et transparente possible : la charte de mobilité devrait être accessible de manière matérielle et digitale, les ateliers devraient faire l'objet d'une communication interne, etc.
Il importe également que les professionnels soient en capacité de se saisir des outils formalisés par l’établissement pour faire évoluer leur parcours professionnel selon leur souhait. Les soignants doivent pouvoir tirer parti de ces derniers, afin de maximiser leurs chances d'obtenir leurs souhaits de mobilité.